Série documentaire La Une : quand les journalistes se prêtent aux relations publiques

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Par Alexandre Lainesse

En tant que professionnel des relations publiques depuis plus de 13 ans, les échanges avec les journalistes font partie intégrante de mon quotidien. J’ai toujours eu une grande admiration et un énorme respect pour le travail plus que nécessaire qu’ils accomplissent dans notre société.

En étant de l’autre côté de la médaille, je suis constamment fasciné par l’arrière-scène; comment se passe une journée en salle de rédaction et comment les journalistes réalisent leurs reportages.

Une série documentaire sur le journalisme québécois

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Dès que j’ai entendu parler de la série documentaire La Une diffusée à Télé-Québec, je ne pouvais faire autrement que de dévorer cette nouvelle émission.

Suivant des journalistes d’enquête de La Presse, dont entre autres Katia Gagnon, Tristan Péloquin, Gabrielle Duchaine, Caroline Touzin, la série permet une véritable incursion dans le quotidien journalistique.

Les relations publiques au service du journalisme

Avec cette série documentaire, le journaliste met en pratique certains des principes fondamentaux de notre profession. En effet, on peut y voir des journalistes se livrer, en quelque sorte, à une belle campagne de relations publiques.

Malgré les résultats du plus récent Indice CanTrust mené par Proof Strategies, partenaire de Capital-Image, qui démontrent que nous pouvons nous réjouir que la confiance des Québécois envers les médias traditionnels excède celle de l’ensemble des Canadiens, la partie est loin d’être gagnée.

Ce sont 61 % des Québécois interrogés ─ contre 55 % pour le Canada, qui ont déclaré faire confiance aux informations diffusées par l’entremise des médias traditionnels, tels que les journaux, la télévision et la radio. Cela signifie tout de même que plus du tiers des Québécois ne font pas confiance aux informations rapportées par les médias! 

Les répercussions de ce manque de confiance sont notables. Récemment, durant la crise sanitaire, nombreux étaient ceux qui parlaient ouvertement de leur dédain envers les médias et de leur refus d’envisager les médias reconnus comme étant indépendants et crédibles.

Le déclin de la scène médiatique québécoise

Plusieurs raisons expliquent cette baisse du niveau de confiance des Québécois envers les médias. Loin d’être exhaustive, voici quelques pistes de réflexion sur le sujet :

  • L’incompréhension de la population du travail du journaliste, de ses intentions, du niveau de rigueur qu’il doit appliquer, la perception d’un « ordre du jour calculé »;
  • La multiplication des chroniqueurs d’opinion (qui polarisent, génèrent des clics et des revenus publicitaires), brouillant la mince ligne entre le travail du journaliste et celui du chroniqueur;
  • Devant l’obligation d’attirer constamment les lecteurs et les auditeurs, les médias se sont retrouvés à chercher toutes sortes de moyens de sortir du lot et de se démarquer, ayant pour résultat de générer de plus en plus ce que certains qualifient d’information spectacle ou d’actualité pensée comme un divertissement. La PLUS GROSSE nouvelle, les détails les plus inusités ainsi que les titres les plus attrayants, flirtant quelques fois avec le click-bait;
  • La pluralité des sources de contenu et d’information. Avec l’explosion des médias sociaux, les gens sont submergés de contenu au quotidien et leur temps d’attention est en chute libre. On observe une hausse importante des partages d’articles incendiaires de sources douteuses ou des publications qui font réagir en tenant pour acquis qu’elles disent la vérité;
  • Le « pouvoir des amis ». Sachant que la première source de recommandation et de confiance des individus est leurs proches et leur famille, ce n’est pas une surprise que les médias sociaux aient capitalisé sur cette réalité pour prendre de l’expansion. Certains se tournent donc vers des groupes Facebook de gens avec les mêmes intérêts ou visions de la société, faisant davantage confiance à ces personnes pour leur partager des informations crédibles et véridiques.

Regagner la confiance grâce aux relations publiques

En se prêtant au jeu de la série documentaire La Une, démarche consciente ou non, les journalistes baignent dans une campagne de relations publiques afin de contribuer à redorer leur image publique et de gérer leur réputation.

Communiquer

Premier aspect intéressant à considérer en gestion de réputation, participer à la conversation. Communiquer. Prendre le contrôle de ce qui se dit sur nous, afin de pouvoir partager notre point de vue et se faire entendre. Ce que permet de faire le documentaire, en présentant les journalistes, leur quotidien, leur travail.

Faire preuve de transparence

Autre élément hyper important : la transparence. En se livrant à la caméra ainsi, en laissant l’équipe de documentaristes, et par la bande les gens, s'immiscer dans leur univers sans filtre, les journalistes parlent à coeur ouvert de leur réalité. Nous avons accès à l’envers du décor et, malgré un montage afin de tenir les auditeurs en haleine, le traitement demeure factuel.

L’importance de la crédibilité

Lors d’une gestion d’enjeu, il faut choisir un porte-parole crédible, mais aussi « humain ». En personnifiant les journalistes, en les montrant avant tout comme des humains, avec un désir de faire ressortir les faits, de travailler rigoureusement, toujours dans l’intérêt public, avec leurs torts et leurs insécurités, on humanise le sujet et on le rend plus accessible et digne de confiance.

Outre cette série documentaire, plusieurs autres approches ont été mises en place dans les dernières années. Ces dernières contribuent à rehausser la crédibilité des journalistes et à aider la population à faire la part entre les informations crédibles et fausses.

Que ce soit l’instauration d’équipes d’enquête (p. ex. Les Décrypteurs) qui déboulonnent les fausses nouvelles ou les informations erronées qui circulent à grands coups de partages sur les médias sociaux ou les initiatives des géants du Web à identifier du contenu comme étant potentiellement faux ou notifier un utilisateur qui partagerait un article sans l’avoir lu, toutes ces approches sont bonnes pour assurer la véracité de nos sources d’information.

Faire confiance aux médias et aux relations publiques

Je crois que l’exercice auquel se sont prêtés les journalistes dans la série documentaire La Une est pertinent. Il est essentiel que la population ait confiance envers les médias, de grands piliers de la démocratie. Sans eux, il n’aurait jamais été possible de mettre en lumière plusieurs scandales et amorcer des changements sociétaux profonds et nécessaires.

Les journalistes et les médias sont tout aussi importants pour nous, professionnels en relations publiques. Plus le niveau de crédibilité des médias est important, plus le public accordera de l’importance aux organisations qui y prennent la parole.

Que ce soit dans les médias traditionnels ou numériques, la crédibilité des relations publiques marche main dans la main avec celles des médias à travers lesquels nous nous exprimons.